En France, on a eu 2 labels d’accessibilité reconnus (d’autres initiatives ont pu exister mais sont restées très limitées par leur portée, à ma connaissance). Il s’agissait du label AccessiWeb, et du label « e-accessible RGAA ». J’ai été impliqué à différents titres dans ces deux dispositifs, d’où le fait que je me permette de répondre à cette question.

Le label AccessiWeb était porté par l’association Braillenet, malheureusement actuellement en cours de liquidation judiciaire. Il a eu un certain succès, et a suscité pas mal d’initiatives parmi des acteurs tant privés que publics, depuis sa création 2003. Il permettait d’obtenir un label avec différents niveaux (de Bronze à Or, avec des intermédiaires tels que Bronze 1 étoile, etc.) selon les niveaux de conformité atteints. Les candidats devaient payer une somme forfaitaire selon le niveau ciblé, cette somme visant à couvrir les frais de l’inspection, effectuée sous la responsabilité de Braillenet.

Le label e-accessible RGAA, inspiré du modèle AccessiWeb, était quant à lui porté par l’Etat français, financé par le FIPHFP, et destiné uniquement aux organismes publics. Il comportait 5 niveaux, le plus élevé correspondant à un niveau de conformité AA à 100% + au moins un critère AAA conforme. C’était l’Etat qui finançait le processus de labellisation, via la DISIC/DINSIC/DINUM (plus ou moins la même entité, mais avec des appellations différentes au cours du temps). Concrètement, cela consistait à mandater un expert pour réaliser les différents audits nécessaires à la vérification de conformité. Ce label a connu 2 itérations. Ce n’est pas l’obsolescence du RGAA 3 qui a mis fin à son existence (on aurait facilement pu l’adapter pour le RGAA4). A priori il s’agissait plutôt d’un problème de coût du dispositif, rapporté à son efficacité pour faire progresser l’accessibilité dans l’Administration. C'était en effet relativement élitiste, ne pouvant concerner qu’une vingtaine de candidats par saison, alors que chaque candidature nécessitait 2 audits entièrement manuels, en moyenne.

S’il faut reconnaître que le coût d’une telle labellisation rend le modèle difficile à pérenniser, j’ai personnellement observé qu’il a été un puissant agent de motivation pour certains projets; voire, cela a permis de débloquer les budgets nécessaires à la mise en oeuvre d’une démarche d’excellence. Vous n’êtes pas le seul à exprimer une telle demande. Malheureusement, à ce jour il n’existe plus de dispositif similaire.

A date, je préconiserais de faire le maximum pour avoir un site parfaitement conforme, de le faire valider par l’audit d'un ou une experte reconnue, et d’afficher fièrement un taux de 100% de conformité sur votre site, en décrivant bien les processus mis en place pour conserver ce niveau, ainsi que les modalités et la périodicité des contrôles. Cela vous placerait dans le peloton de tête des acteurs privés en France, ce que vous pourriez légitimement mettre en avant dans votre communication.

Mais comme cela a déjà été suggéré par d’autres: la motivation fondamentale pour atteindre cet objectif doit être le service rendu aux utilisateurs. Sans cela, vous risqueriez de passer à côté du sujet, et même afficher un site à 98% conforme tout en n’étant pas accessible pour certaines personnes…

Bonne journée,

Olivier Nourry

Chief Accessibility Officer

Access First | Groupe Be Player One